vendredi 28 janvier 2011

Trop c'est trop ...

Trop ... c'est trop. Les limites du supportables sont atteintes.

Je n'arrive plus à écrire, je n'arrive plus à penser. Tout se bouscule et se chamboule à l'intérieur de moi. Trop d'émotions, trop de douleur, trop de pensées, d'informations à intégrer.
Je sature.
Je déborde.
A l'intérieur, c'est le déluge. Et mon arche a largué ses amarres et m'a laissée tomber. Une fois encore...

La tempête fait rage. Le remous profond qui secoue mon âme et mon cœur remonte à la surface. Enfin, il sort. Ce démon qui ronge depuis si longtemps l'essence même de ce que je suis.
Enfin j'ose. J'ose haïr l'espace d'un instant, l'homme que j'aime plus que tout pour m'avoir abandonné quand j'allais le plus mal. J'ose le haïr pour ne pas avoir vu. Pour ne pas avoir compris. Lui qui aurait du comprendre. J'aurais cru que lui me comprendrait.

"Je te hais !! Je te hais de m'avoir laissée tomber au moment ou j'avais le plus besoin de toi. Je te hais d'avoir largué les amarres quand tu étais l'ancre à laquelle je me raccrochais. Je te hais d'avoir éteint la seule lumière qui éclairait les ténèbres qui m'entouraient. Je pensais que toi tu m'aurais comprise et je te hais de ne pas l'avoir fait. "


J'ose enfin ressentir ce sentiment sans en concevoir de culpabilité. J'ose enfin avoir mal sans chercher à empêcher cette douleur. Il a fallut que ce soit celle-là. La plus insoutenable de toutes.
Et voilà ...
Le démon intérieur, libéré de ses entraves, ressort. Dévastateur. Désolation des sens, saccage des repères, telle une horde barbare qui ravagent mes entrailles, mettant à nus leurs biens les plus précieux, leurs blessures les plus profondes. Je n'avais encore jamais ressenti cette apocalypse à l'intérieur de moi. Cette force qui remonte prête à détruire tout ce qui se trouvera sur son passage. Pas sournoisement. Non. Franchement, vivement, tel un cheval lancé au triple galop qui n'a cure des obstacles qu'il rencontre, soit qu'il les franchit en sautant, soit qu'il les balaye d'un revers de sabot. Un sabot enflammé qui laisse son empreinte incandescente tout le long de son parcours.
Ce souffle post-apocalyptique qui charrie avec lui sa cohorte d'émotions et de sentiments, gagne du terrain. Après lui, plus rien. Le désert de Gobi après l'explosion d'une bombe H. Tout était emporté dans les ressacs cendreux.
Et là, c'est comme si mon estomac servait de punching-ball à une meute de petits diablotins en mal de tours pendables et qui s'en donnaient à cœur joie.
C'était parti du plus profond des tripes, de derrière. Puis ça avait progressé rapidement. La tempête qui se déchainait ensuite, faisait ressembler mon corps et mon équilibre, à un tableau de galère voguant en pleine mer dont la fureur déchainée entamait le navire, bout par bout.
Tout fut balayé par la tornade qui n'avait pas l'intention de s'en tenir là. Non.
A ce stade là, mon estomac n'est plus que l'ombre de lui même, mon cœur est tellement serré qu'il me fait mal. Je loupe un battement. Puis un autre.Mon souffle se fait court et ma gorge commence à se serrer. Bien entendu, mon visage est ravagé, chaque orifice produit sa mucosité, sans honte, sans retenue.
Aucune volonté n'est assez puissante pour empêcher cela. Pour m'accorder une moindre décence. Un visage humain.
Aucune force n'est assez prononcée pour camoufler la faiblesse existante. Et de fait, je n'ai pas envie de camoufler cette faiblesse. Je veux y avoir droit, elle a le droit de sortir aussi, comme ma tristesse, comme ma peur, comme ma colère ... comme ma haine ... comme mon amour.
Je laisse la lame de fond poursuivre sa course en toute liberté. Peut-être sera-t-elle salutaire ? Je ne me pose même pas la question. Mes neurones à ce moment là sont submergés, les connexions surchargées et l'autoroute de l'information elle est sous drapeau noir. Bison futé aimerait même trouver une façon de débrancher la bête ... mais malheureusement il n'y a rien.
Mais là, seules les émotions affluent, toujours plus chargées à chaque instant qui passe.

Le flux qui poursuit son avancée vers la sortie libératrice, vers l'issue de secours, continue à engranger ces émotions et à dévaster sans pudeur tout ce qui se trouve sur son passage. Le souffle est court, je n'rrive déjà plus à respirer.
Je suis dans un état de prostration, allongée sur mon lit, enfermée sous ma couette qui me couvre de la tête aux pieds. Je n'ai même pas l'énergie de me rouler en boule. Non en fait, j'ai l'intuition que cela ne m'apporterait aucun soulagement.
J'ai à peine conscience de la tension qui bande mon corps. Mais je suis tendue. J'étouffe. les sanglots me submergent de plus en plus forts. Mon œsophage n'est pas assez large pour les laisser passer avec aisance. J'ai mal. J'ai peur. C'est trop fort. Trop puissant. Je pense à lui. J'ai tant besoin de lui. Pourtant, il est la raison de mon mal. A ce moment là, je le hais profondément. Douloureusement.
Comme si ce n'était pas déjà assez insupportable comme ça. Non, il fallait que cela devienne encore plus insoutenable.
J'en peux plus. C'est fini, j'en peux plus. Je veux que cette douleur sorte, explose, aille se balader au clair de la lune, fuse, aille au 7ème ciel ... je m'en fiche, je veux juste qu'elle sorte. QU'ELLE PARTE ! 

SORS ! VA-T-EN ! SORS DE MOI ! JE VEUX QUE TU SORTES ET QUE TU ME LAISSES VIVRE EN PAIX !

Voilà l'heure de la libération. Je hurle intérieurement, je pousse la bête qui fait rage en moi vers la sortie, avec l'énergie du désespoir. je sens mon ventre se contracter. J'ai mal. Si mal. Je suis détruite à l'intérieur. Mon arche ... mon ancre m'a abandonnée. Je fais naufrage. Je me perds et je suis encore seule ! Personne pour me rattraper, personne pour m'empêcher de perdre pied. Même celui qui m'était devenu plus précieux que le sang qui coulait dans mes veines, ne ressent plus aucune émotion, aucun sentiment en pensant à moi. Quand je voulais être son phare dans la nuit, lui me laisse sombrer dans la mienne. Il m'abandonne. Je l'aime. Je le hais. Je ME hais. Je n'en peux plus !

SORS DE MOI ! Je ne veux plus souffrir.

Oh oui ... pitié sors de moi, toi, abandonne moi avec plaisir. Je rate une respiration, j'avale de travers et j'étouffe au milieu de mes larmes et de mes sanglots, noyés de mes complaintes. Une quinte de toux me prend, mais cela ne suffit pas, Et malgré tout, je continue à pousser cette rage qui m'habite à sortir de moi.
La nausée qui me serrait quelques secondes plus tôt, finit par me submerger et je sens tout remonter. 

Tout dérape en l'espace de quelques secondes. Je n'ai pas le temps d'aller plonger la tête dasn ma cuvette, ma main fera l'affaire en chemin.
Tout sort d'un coup. physiquement, moralement et sentimentalement. La digue a cédé, sans plus aucune retenue. 
Libération.
Amertume.
Vide.
Soulagement.
Torpeur.

Le sommeil m'envahit. Salvateur. Je m'endors sans même m'en rendre compte.

Une étape semble franchie. Au fond de moi, je redoute que ce soit le deuil. Je sais juste qu'aujourd'hui, j'ai osé. J'ai pu. J'ai su ressentir des sentiments et des émotions sans culpabilité.

Qu'est-ce que ça fait du bien de ne pas culpabiliser ! 
Finalement ... Ce billet que j'ai commencé à écrire au moment ou ça allait le plus mal, ou j'avais besoin de faire sortir ce qui m'habitait, ce qui m'abimait, se termine dans une pensée positive.
Je recommence à voir les choses comme je sais si bien le faire : Positivement. 

Le verre est décidément, toujours à moitié plein. J'aime ça !

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