vendredi 14 janvier 2011

Être un zèbre ... C'est la jungle ! ... Ou pas.

 

Le vrai génie


" Le vrai génie sans cœur est un non-sens. Car ni intelligence élevée, ni imagination, ni toutes deux ensemble ne font le génie. Amour ! Amour ! Amour ! Voilà l'âme du génie. " Wolfgang Amadeus Mozart

La vraie souffrance

 
"On ne peut pas se penser intelligent, quand on mesure ses propres faiblesses avec la lucidité aiguë du surdoué, qui ne lui permet aucun aveuglement." Arielle Adda


Que dire ... ou plutôt par quoi commencer ? Il y a tellement d'idées qui fusent, empruntent les couloirs de la circulation dans mon cerveau embrumé ( tiens ... on retrouve la brume ... ), se perdent dans les méandres de mes ressentis. J'en arrive à rêver de mon flow ( Pour les curieux regardez ici ). J'ai tellement besoin de me retrouver en tête à tête avec moi-même. Être concentrée sur quelque chose à tel point que là, j'en oublierai cette douleur dévorante. Cette sensation d'égarement. De nullité.

Je suis en souffrance actuellement. Il m'est plus délicat d'écrire quelque chose de construit. Mais ce blog avait pour vocation de coucher mes ressentis de zèbre, à chaque instant et suivant chaque moment. On y est.

Alors, vous vous la posez cette question hein ? Ça fait quoi d'être un surdoué ? " Hé mais c'est génial, t'es un petit génie" , " Woaaahh tu vas exploser les résultats ", " Ah bah c'est super ! Tu vas reprendre tes études hein ? Tu vas tout réussir", " tu vas déchirer " ... Oui ... vous avez raison ... Je vais déchirer ... mon cœur en lambeau, mon cerveau en fricadelles, mon esprit en charpies ... Oui, vous avez raison, je suis déchirée.

"Pourquoi ?" C'est ce que vous vous demandez, hein ?
Pour vous être surdoué c'est être doué en tout, tout réussir, être juste quelqu'un de plus intelligent que tout un chacun. Vous êtes si loin de la réalité.

Un zèbre est tout sauf "comme tout un chacun", c'est quelqu'un avec un mode de fonctionnement cérébral différent, j'ai même lu quelque part qu'on disait qu'on était câblés différemment. C'est si vrai, je l'ai vécu tout au long de ma vie. On m'a toujours regardée différemment. On s'est toujours demandé pourquoi j'étais différente. On me l'a demandé. On m'a même demandé " ce qui n'allait pas chez moi".
Et Je me le suis demandé moi même ... Je me suis retirée des autres, mise à l'écart sciemment. Après tout, si eux ne faisaient pas l'effort de m'accepter comme j'étais, je n'allais pas leur imposer cette choses qu'ils n'aimaient pas et ... qu'au final, il m'avaient fait détester aussi.
Ben oui, à force de se voir rejeter par tout le monde, d'être incomprise de tous, de ne pas comprendre comment les gens nous voient, et pire, pourquoi ils nous voient différemment de ce que nous sommes, on fini par avoir la certitude d'être des inadaptés, des asociaux, des renfermés et j'en passe et des meilleurs ... On finit par être la personne qu'on déteste le plus au monde.
Allez, soyons fous ! On a carrément l'impression d'être dingues, d'être nés à la mauvaise période de la vie terrestre, de s'être trompé de siècle, d'univers.

Et pour embellir le tableau de l'asociabilité et du mal-être, cette différence est marquée par un mode de pensée et un comportement psychoaffectif totalement différent, qui le met en inadéquation avec les gens "normaux".
Ceci bien entendu, en plus des capacités intellectuelles dont il fait montre... où qu'on détecte en lui, même s'il ne les montre pas, ou si elles n'apparaissent que dans les domaines qui l'intéressent.

C'est bien un drôle de zèbre !

Alors partant de cette réalité là, découvrir qu'on est un zèbre est une réelle libération, une bénédiction. Non mais imaginez-vous ! On est NORMAUX ... dans notre troupeau ! On n'est pas SEUL ! On n'est plus seuls.

J'avoue, le jour où je me suis dit ça, le jour où j'ai découvert que j'étais p-e un zèbre, j'ai pleuré. J'y ai passé la nuit et dans ma tête se bousculaient ces idées, ces pensées :
- Je n'étais pas seule.
- Je n'étais pas folle.
- Je n'étais pas tordue.
- Je ne faisais pas comme les autres, mais c'est normal pour moi !
- Il y a des personnes qui me comprendront. Faut juste que je les trouve.
- Il y a une communauté où je peux être moi-même ... entièrement. Des personnes qui ne me jugeront pas parce que mes idées sont bizarres, parce que je suis hypersensible, parce que je suis trop ceci, ou trop cela, ou alors que je ne suis pas assez ceci ou assez cela.
- Des gens qui vont m'aimer, pour MOI MÊME ! pas pour mon paraitre. Ils vont m'aimer pour MES DIFFÉRENCES, et pas me rejeter parce que je ne rentre pas dans leur moule !

Et je les ai trouvé ces gens. Et depuis ... ben j'ai aussi appris à mieux comprendre l'homme que j'aime et que je soupçonne depuis plusieurs mois déjà d'être aussi un zèbre, soupçon encore plus fort depuis une conversation avec son frère qui a évoqué son passé scolaire et sa "brillance" ... Et j'ai eu mal pour lui encore : " Il avait des résultats qui dépassaient de loin les espérances de n'importe quel parents. " ( F.L Août 2010 ), je revoyais mes propres démons " Mais Leïla, tu es intelligente ! On le sait ! pourquoi es-tu comme ça ? Tu avais des résultats brillants, que se passe-t-il ? Parle-nous " ... Vous parler pour vous dire quoi ? Je ne le sais pas. Vous me faites des reproches, pourtant je n'ai rien fait de mal. Je ne comprend pas. Je suis perdue. Je me recroqueville, me renferme, me construit un monde, un univers ou je me réfugie. C'est le seul endroit ou j'arrive à faire quelque chose, car vous n'avez pas compris, que plus vous me faites de reproches et moins je comprends ... et plus je rentre dans ma carapace. Plus je suis perdue pour vous ... plus je m'isole.
Les sons extérieurs s'effacent, je regarde les visages qui me fixent, sentant qu'on me parle, mais ne saisissant pas un traitre mot. Je sens qu'il faut que je fasse ceci ou cela. Je hoche la tête en signe d'acquiescement, et me replonge à nouveau dans mon monde, où je crée ... j'invente, je vis des vies qui ne sont pas les miennes. Mais là au moins, je suis moi, je suis qui je veux, je suis ... en paix.
En tête à tête avec moi-même ... la seule personne à me comprendre, c'est encore mon moi. Je lui parle, je lui confie, je l'écoute. Quand je pleure, elle me console, quand je craque elle m'encourage. Elle m'a appris à me battre. A ne jamais abandonner. Et je n'ai jamais abandonner.
Alors, c'est pour ça que :
Oui, depuis que je sais que je suis un zèbre, j'ai appris à aimer ma différence. J'ai appris à accepter mon hypersensibilité, mon hypersentimentalité.
Les souvenirs sont revenus et je me suis rappelée les paroles de quelqu'un qui m'a dit un jour : " Il est vrai que vos sentiments semblent submerger jusqu'à vous même" ( F.L Août 2010) . Ce jour là j'avais rougis jusqu'à la racine en lisant ces mots. Il pointait du doigt, sans le vouloir, le "trop" qui m'avait toujours caractérisée. Et dans cette phrase encore plus, là ou le mot "trop" est explicitement cité :
" Il est vrai que dans tout les cas, je comprend votre démarche, même si je la trouve un peu trop appuyée, mais je ne sais pas si je ne réagirai pas comme vous dans un tel cas. " ( F.L Août 2010 )
J'avais honte de ça. Surtout parce que je m'étais tellement retenue dans mes sentiments justement, et que je n'y avais visiblement pas réussi. Si je ne l'avais pas fait, qu'aurait dit cette personne ? Il m'aurait prise pour une tarée d'internet, une folle hystérique.
La preuve la suite qui en a découlé. Pourtant ce gars, moi je l'aimais bien. Je sentais la méfiance en lui, et j'apréciais d'autant plus la confiance qu'il semblait me faire, alors que tout dans son regard disait qu'il ne faisait pas d'emblée confiance et qu'il pouvait même être dangereux si on lui cherchait des poux ...
Je ne savais pas ce jour là, que même cette analyse découlait de ma zèbritude ...
Mais aujourd'hui ... aujourd'hui je sais.
Cette hypersensibilité est caractéristique chez un zèbre. J'en suis fière. J'aime aimer les gens. J'aime leur donner tout ce que je peux. Et je peux le faire, parce que pour moi, quand on veut on peut.
J'aime avoir le visage baigné de larmes parce que je ressens les sentiments de quelqu'un que j'aime, j'aime être prise d'un fou rire parce que quelqu'un que j'aime l'est ... j'aime être heureuse quand je me promène dans les rues de Besançon, main dans la main avec mon homme qui me dit être dans une mauvaise période et que je vois rire et sourire pendant tout le temps qu'il est avec moi. J'aime savoir que ma présence le soulage. J'aime qu'il n'ai pas besoin de me dire des choses difficiles pour lui, parce que je les ressens. Il lui suffit d'un regard.
Oh, oui, j'aime sentir son âme torturée, apaisée dans mes bras et l'entendre murmurer en me serrant : " Je n'ai pas envie de partir ". ( B. Janvier 2011 ).
J'aime la sensation, d'amour qui m'envahit à ce moment là. Je l'aime, lui.
Un zèbre c'est le trop ... et lui est mon tout.
Mais un zèbre c'est aussi le trop peu. Et là, je n'aime pas garder le silence à ce moment au lieu de lui dire," je n'ai pas non plus envie que tu partes". Je n'aime pas ne pas lui dire tout le bien qu'il me fait à être dans ma vie. Je n'aime pas lui dire que non ce n'est pas sa présence qui me pèse mais son absence.
Je n'aime pas les larmes qui 'envahissent et mon cœur qui s'étreint à l'idée de la séparation prochaine.Parce que je sais que cela le ferait se sentir coupable de me laisser après ces moments. Et de ce fait, il a dit ressentir de la culpabilité. Bien qu'il n'y ait aucune raison à ça
Je n'aime pas ne pas pouvoir le soulager plus longtemps.

Mais, si je n'étais pas un zèbre, je ne ressentirais pas tout ça si intensément.
Je ne le dirais pas aussi bien, ni aussi clairement comme le dit mon ami cité plus haut :
"Je suis impressionné par votre capacité à aligner des pages et des pages de sentiments purs et clairs. Je confirme votre ténacité : Au risque de me répéter c'est impressionnants." ( F.L Toujours Août 2010 )
Je ne me sentirais pas vivre.
Je ne ressentirai pas l'amour que j'ai pour mon homme aussi fort, et l'envie de foncer le voir en lui disant :" Mon amour ! j'ai compris !! Je le sentais, mais là j'en suis sûre ! Tu n'es pas anormal, tu n'es pas bizarre, tu n'es pas un diable d'homme, tu n'as pas raté ta vie ! 
Tu es juste ... UN ZÈBRE !
Tu es quelqu'un que tout le monde ne comprends pas, mais tu n'es pas SEUL ...
J'aime avoir envie d'éclater de rire, en l'imaginant pleurer de joie. Sortir de son hyperinsensibilité apparente pour laisser place enfin à son hypersensibilité existante, sans en avoir honte ou peur.
Le prendre par les mains et tournoyer encore et encore en riant de joie : Nous sommes un troupeau de zèbres et nous ne somme spas seuls !

Alors être un zèbre , c'est la jungle ... ou pas ! Ça dépend des jours !
Mais quand on est un troupeau, jungle ou pas, on n'est jamais seul.

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